Le Salon revisité

Au coeur de Le Salon se trouve l’image d’un salon autrefois magnifique, un espace qui incarne à la fois l’héritage et le déclin. Ce qui était autrefois un sanctuaire de raffinement et de richesse est devenu un lieu d’érosion, où la grandeur glisse vers l’absurdité et où la dignité s’effondre sous le poids du temps. Le grand-père aristocratique, autrefois pilier de la famille, lutte pour préserver les apparences, mais son contrôle vacillant sur sa maison, son corps et son esprit reflète le monde qui s’effondre autour de lui.

Cette oeuvre s’inspire du film Le Salon de Musique de Satyajit Ray, approfondissant ainsi son héritage culturel. Tout comme ce film évoquait le crépuscule d’une aristocratie indienne confrontée à la modernité, Le Salon transpose ce même sentiment de déclin.

Créé collectivement par les interprètes, Le Salon a fait le tour du monde de 2004 à 2009. Il a été présenté en Europe, en Corée du Sud et en Australie, où il a captivé le public par son mélange singulier de théâtralité, de performance physique et de commentaires sociaux acerbes. Comme le dit si bien une critique du Quimper : « Dans ce salon qui se présente comme le miroir de nos vies… », Le Salon montre les échos fantomatiques de la décadence dans des familles en apparence ordinaires. La pièce reflète non seulement la perte et le vieillissement, mais aussi les divisions internes qui surgissent lorsque la tradition, la richesse et les relations familiales sont mises à rude épreuve. Pour de nombreux spectateurs, elle est devenue une expérience marquante, une oeuvre qui a continué à les hanter longtemps après la tombée du rideau.

Près de deux décennies plus tard, nous revenons à Le Salon, non pas simplement pour le remonter, mais pour le réinventer. Cette reprise reconnaît la pertinence durable de la pièce tout en permettant à de nouvelles générations d’artistes et de spectateurs de se pencher sur les questions qu’elle soulève. Que signifie le déclin dans notre monde contemporain ? Comment les familles, les nations et les individus font-ils face à l’érosion de leurs certitudes ? Et comment le théâtre lui-même peut-il servir d’espace de réflexion sur la mémoire, la perte et le renouveau ?

Le Salon revisité sera créé et interprété par un nouveau groupe de cinq artistes, trois danseurs, un chanteur et un comédien. Sous la direction de Franck Chartier et Gabriela Carrizo.